samedi 16 octobre 2010

La mosquée de Cordoue.


En 711, soit moins d’un siècle après la mort de Mohammed, les Musulmans conquièrent la ville de Cordoue. Elle devient le principal centre administratif et politique de l'Espagne musulmane (Al Andalus), puis la capitale de l'émirat de Cordoue (756), fondé par le prince omeyyade Abd al-Rahman Ier.

En l'an mil, Cordoue est une des villes les plus peuplées d'Occident, les estimations variant entre 250 000 et 500 000 habitants. Cordoue devient la rivale de Bagdad par sa taille et sa population. De 785 à 987, ses califes veulent faire preuve de magnificence en construisant la plus grande et la plus belle mosquée du monde musulman, après celle de La Mecque.

Une mosquée en constant agrandissement.

Lorsque les Musulmans s'établissent à Cordoue, ils rachetèrent le terrain de l'église Saint Vincent, non loin du Guadalquivir. Sur cet emplacement, l'émir Abd-Ar-Rahman Ier ordonne la construction d’une mosquée. Elle est agrandie trois fois de suite par ses successeurs, pour finir par couvrir 23 000 m² et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. Petit détail insolite, elle n'est pas orientée vers la Mecque. Elle se présente aujourd'hui sous la forme d'un vaste quadrilatère d'environ 180 m de long sur 130 m de large, comptant 19 nefs et plus de 850 colonnes surmontées de chapiteaux différents, inspirés par l'art gréco-romain.
L'édifice initial, commencé en 785 par Abd Ar Rahman Ier comprend une cour carrée, le patio de los naranjos ou cour des orangers (orangers plantés bien plus tard), entourée d'un mur d'enceinte et sur laquelle s'ouvrait complètement la salle de prière, de forme rectangulaire, composée de onze nefs, chacune ayant douze travées disposées face à la cour. Ces nefs sont séparées par de fines colonnes de marbre provenant d'édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d'enceinte à l'opposé de la salle de prière, se trouve le minaret. À chaque fois que la mosquée a été agrandie jusqu’aux rives du Guadalquivir, le mur de la qibla (indiquant la direction de la Mecque) et son mihrab (représentant symboliquement la présence du Prophète durant la prière) ont été repoussés et reconstruits.

Comment faire de l'art religieux sans pouvoir représenter Allah ?

Salle de prière.

Mirhab.

Voute en étoile. 


Il est interdit de représenter Allah. Les architectes et les artistes arabes se concentrent sur l'aménagement intérieur de la salle de prière (colonnes, arcs repoussés) en multipliant les prouesses techniques, la voute géométrique du mihrab et les arabesques des stucs.

Une mosquée ou une cathédrale ?


Lorsque Cordoue est prise par les Chrétiens en 1236, ces derniers font une église puis une cathédrale à l'intérieur de la mosquée. Ils murent l'ouverture entre la cour et la salle de prière, ne conservant qu'une porte d'entrée (Puerta de las Palmas). Ils abattent quelques rangs de colonnes pour dégager la place de la Chapelle Royale. Au XVIe siècle, les chanoines du chapitre décident de doter leur cité d'un édifice bien plus somptueux et dans le goût du jour. Ils font démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y monter une cathédrale qui semble incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la "forêt" de colonnes. Ce monument allie style gothique, renaissance et baroque.

Voici une vidéo montrant quelques vues intérieures de la mosquée.


Voici un module de l'émission Galilée (France 5) sur l'histoire de la mosquée.


Pour aller plus loin :
-une page sur la mosquée : un texte clair et de belles photographies.
-une page du site des TDC, avec une vidéo intéressante.
-un dossier général de la Curiosphère sur les arts islamiques.  

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