mercredi 6 octobre 2010

Le Front populaire.

Vocabulaire :

Antiparlementarisme : Hostilité politique face à une inefficacité et une corruption supposées d’un Parlement.

Antisémitisme : Racisme anti-juif, le judaïsme étant considéré comme l’appartenance à une race, non à une religion.

Communiste : Membre d’un parti souhaitant la création d’une société fondée sur la mise en commun des moyens de production, d’une manière violente ( Révolution ). En France, le Parti communiste est né en 1920, de la scission de la SFIO au congrès de Tours.

Fascisme : Régime totalitaire et nationaliste installé en 1922 par Benito Mussolini en Italie.

Front populaire : Coalition électorale organisée au lendemain des évènements de février 1934, composée de la SFIO, du Parti communiste, et du Parti radical.

Ligue : Mouvement d’extrême droite français, antiparlementaire, violent, aspirant à un régime autoritaire.

Parti radical : Parti politique de centre gauche parmi les plus anciens de la IIIe République. Il représente les employés, les fonctionnaires et les petits propriétaires terriens. Il est dominé par Edouard Herriot et Edouard Daladier.

Socialisme : Doctrine politique visant à placer les intérêts collectifs au-dessus des intérêts particuliers, afin de rendre la société plus égale.

SFIO : Section française de l’Internationale ouvrière, parti socialiste dirigée par Léon Blum.

Xénophobie : Peur des étrangers, associée à un sentiment de menaces.

Personnages :


Léon Blum (1872-1950) : Né à Paris, conseiller d’état et adhérent à la SFIO avant d’en devenir le dirigeant principal dans les années 1920.. Il refuse en 1920 l’adhésion de la SFIO au Komintern (internationale des partis ouvriers dominée par le PCUS). Antifasciste, chef du gouvernement de Front populaire, juif et haï de la droite, il est déporté en Allemagne en 1943. Il participe à la fondation de la IVe République en 1946.

Marice Thorez (1900-1964) : Né dans le Pas-de-Calais, ouvrier. Chef du PCF dès 1930, il est proche de Staline et de la ligne soviétique. Il soutient le Front populaire mais refuse la présence de communistes au gouvernement. Il rejoint l’URSS pendant la guerre. Il est nommé ministre au début de la IVe République.

Pour aller plus loin, quelques films :

De Jean Renoir, La vie est à nous (1936) et la Marseillaise (1937). Le premier est un vrai film de propagande à la gloire du Front populaire commandé par le PCF.



Le second est une relecture très "à gauche" de la Révolution française, vue comme la révolution du peuple contre les forces de l'oppression réactionnaire.



A voir d’abord comme des documents témoignant de l’atmosphère euphorique de 1936.

On ajoutera La bête humaine (1938) du même Renoir, adaptation libre du roman de Zola, qui décrit toute la fatalité liée à la condition ouvrière.



Et de Julien Duvivier, La belle équipe (1936) qui raconte le destin de cinq amis ouvriers gagnant au loto, dont les existences basculent dans le drame. Ici, la célèbre scène de la guinguette mettant en valeur les loisirs ouvriers.



Deux chefs d’œuvres dans lesquels explose le talent de Jean Gabin , incarnation définitive du « héros du peuple » au cinéma.

Une atmosphère politique tendue...

Voici deux exemples qui montrent l'extrême violence du théâtre politique de l'époque : Léon Blum a souvent été attaqué par des membres de ligues antisémites.

-les attaques ont été verbales :

Voici une intervention à l'Assemblée nationale du député Vallat, antisémite notoire et futur commissaire aux affaires juives de Vichy, lors de la présentation du gouvernement de Front populaire par Blum, le 6 juin 1936 :

"Vallat : Votre arrivée au pouvoir, monsieur le président [Léon Blum], marque une date historique. Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain va être gouverné...

Herriot [président de l'Assemblée nationale] : Prenez garde, monsieur Vallat !

Vallat :...par un juif, j'ose dire à haute voix, voila ce que le pays pense.

Herriot : Paroles inadmissibles du haut d'une tribune française ! Même chez vos amis [la droite] vous ne trouverez pas une approbation aussi complète que vous semblez l'espérer.(...) je ne connais ni juif, ni protestant, ni catholique. Dans cette assemblée, je ne connais que des Français."

-les attaques ont été physiques. Blum a été victime d'un attentat à caractère antisémite quelques mois auparavant (13 février 1936).



L'héritage du Front populaire.


Des avancées sociales considérables :

-une réduction de la semaine de travail limitée à 40 heures. En 2009, la limite horaire hebdomadaire est de 35 heures. Cette mesure n'était pas toujours bien accueillie à l'époque, comme le montre cette affiche.

-une reconnaissance par les entreprises des droits syndicaux et la création de délégués ouvriers (accords Matignon).


-quinze jours de congés payés. En 2009, nous bénéficions de cinq semaines de congés payés.

Si ces avancées ont été attendues avec impatience joyeuse (grèves joyeuses de juin 1936 vues en cours), le manque d’information des ouvriers a pu créer des tensions avec le gouvernement de gauche, comme le montre cet extrait de l’Affaire Salengro, d’Yves Boisset (2009).

Une ouverture du monde ouvrier vers les loisirs, sous l’égide de Léo Lagrange : -des auberges de jeunesse en France, et après 1945 partout en Europe. Un moyen facile et pas cher de partir en voyage, toujours valable aujourd’hui !
-des infrastructures sportives placées au cœur des quartiers populaires, comme le complexe Stade-Parc / piscine Salengro de Bruay-la-Buissière, qui accueillent toujours sportifs, baigneurs et spectacles (comme ce Waterborn de la compagnie de danse contemporaine Carolyn Carson).
Une nouvelle façon de faire de la politique : -Irène Joliot Curie, fille de Pierre et Marie Curie, co-prix Nobel de physique pour ses recherches dans le domaine nucléaire avec son époux, devient sous-secrétaire d’état à la recherche. Elle ouvre la voie à une longue lignée de femmes ministres.

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