mercredi 24 novembre 2010

Ciné-club : Invictus.

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
William Ernest Henley, 1875.

Voici la bande-annonce du film.


Invictus
Bande annonce vf publié par CineMovies.fr - Les sorties ciné en vidéo

La fiche technique du film est par ici.

Les critiques.

Un avis réservé: Pascal Mérigeau, Eric Coubard (2009) :

"Invictus est un beau film de propagande pour le sport, pour l'Afrique du Sud, pour Nelson Mandela, pour la Coupe du Monde de Football 2010. Mais au pays des Bisounours. "

Un avis positif avec quelques réserves : Pierre Fornerod, Ouest-France (2009) :

"Une histoire comme Hollywood aime à les ecrire, tant elle cultive le bon sentiments (...) Mais les dessous de cette victoire annoncée auraient mérité d'être fouillés dans une certaine subtilité."

 Un avis positif : Arnaud Schwartz, La Croix (2009) : 

"Un film magnifique (...) La mise en scène de Clint Eastwood est éblouissante. Maîtrisant parfaitement les codes du grand récit classique, le cinéaste signe l'un de ses plus beaux films."

Et l'avis des élèves ?

Avis positif pour la plupart. Justine C. et Abdel J.ont aimé l'œuvre dans sa totalité. Martin K. a apprécié sa dimension politique, une certaine façon de montrer comment un événement sportif peut devenir un instrument permettant au pouvoir de travailler l'opinion publique d'un pays. Daniel D., en amateur de rugby, a été sensible aux matchs, selon lui très bien filmés. Manon B. a particulièrement apprécié le final, tendu et émouvant. Alice M. a été touchée par la noblesse générale du propos. Mais Laurine P. et Valentine H. ont été assez peu réceptives. Il faut dire qu'elle n'aiment pas beaucoup le sport ! Le groupe a mené un débat sur les mérites comparés du cinéma et de la télévision dans la captation d'un geste sportif : l'immédiateté de la retransmission télévisée contre la mise-en-scène du film (caméra sur le terrain, découpage, ralentis qui étirent le temps à quelques secondes de la fin), qui fait pénétrer le spectateur au cœur du terrain mais s'arrange aussi un peu avec certaines réalités. Les Neo-Zélandais étaient victimes d'intoxication alimentaire ce jour-là. Beaucoup vomissaient sur le terrain, fait que le film, dans sa volonté d'embellir la victoire des Springboks ne montre jamais). 

Qu'est-ce que ce film apporte à la connaissance d'un élève de collège ?

-il montre de façon claire (quoiqu'un brin caricaturale) les inégalités de développement spatiales et sociales en Afrique du Sud. Les Noirs des townships vivent dans un grande pauvreté ou travaillent au service des Blancs. Ils pratiquent le football, sport qui ne nécessite pas d'infrastructures couteuses. Les Blancs vivent dans des centre-villes ou des périphéries aisées. Ils pratiquent le rugby. La première scène du film (la libération de Mandela) montre deux stades séparés. L'un est bien entretenu, occupé par une équipe de rugby blanche. L'autre est en friche. Des Noirs y jouent au foot avec un ballon usé. Ils ne se mélangent pas car ils ne pratiquent pas le même sport collectif. 

-il décrit les premiers mois de la présidence de Nelson Mandela (1995) et revient sur ses dix-huit années d'incarcération à Robben Island.  Le poème Invictus du britannique William Ernest Henley (1849-1903) a permis au leader de l'ANC de motiver et d'encourager ses amis prisonniers, dans le cadre d'un enseignement classique qui portera le nom d'"Université Mandela". Le film montre aussi les deux objectifs principaux de son mandat présidentiel : assurer la réconciliation raciale de l'Afrique du Sud et relancer l'économie du pays. Si Eastwood insiste sur la manière qu'à eu Mandela d'utiliser la coupe du monde de Rugby pour  imposer l'unification d'un peuple divisé par des années d'Apartheid (l'Afrique du Sud comprenait, en 1995, 43 millions d'habitants dont 79 % de Noirs et 10 % de Blancs), il montre les voyages d'affaires internationaux menés par le président comme autant de corvées. Si le réalisateur américain décrit un homme politique habile à manier les événements et les symboles, il donne aussi de lui une image un peu puérile (et imméritée) de grand gamin fuyant les réunions de travail pour regarder les matchs à la télévision. En outre, l'optimisme un peu niais du film (l'impression que le peuple s'est réconcilié après la victoire des Spingboks lorsque Mandela repart en voiture après la finale) occulte le refus persistant du pardon chez de nombreux Noirs et le racisme durable au sein d'une minorité de Blancs. Si le chef d'état Mandela sort grandi de cette œuvre, il ne faut oublier le fait qu'il soit resté peu de temps au pouvoir (cinq ans, le temps d'un mandat) et qu'il n'ait pas appréhender les trois problèmes actuels  du pays : les effets pervers de la discrimination positive, qui a favorisée une petite élite noire et a condamnée les Blancs les plus pauvres à  une grande précarité ; la montée de la criminalité ; la pandémie du SIDA.  
 
-il montre que la réconciliation d'un peuple divisé par des années de racisme d'Etat doit passer par le pardon (des Noirs à l'égard des Blancs) et par la compassion (des Blancs à l'égard des Noirs), afin d'éviter la guerre civile. 

Pour aller plus loin...

Certains films ont montré les cruautés du régime d'Apartheid qu'a combattues Mandela, comme A world apart de Chris Menges (1988) ou Une saison blanche et sèche d'Euzhan Palcy (1989), adapté du beau roman d'André Brink. GoodBye Bafana de Bille August (2007) raconte les années de prison de Mandela.



Mon nom est Tsotsie de Gavin Hood (2005) décrit les problèmes de la société sud-africaine actuelle avec beaucoup de réalisme et d'émotion.

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