dimanche 7 novembre 2010

L'Allemagne nazie et la Deuxième guerre mondiale.

Vocabulaire sur l'Allemagne nazie :

Antisémitisme : Racisme anti-juif, le judaïsme étant considéré comme l’appartenance à une race, non à une religion.

Aryen : Dans la pensée hitlérienne, « race » primitive de l’Europe dont les Allemands et les Scandinaves seraient les descendants. « Race » jugée supérieure et pure.

Autarcie : Théorie économique développé par un pays cherchant à ne pas dépendre des importations de pays étrangers et dont la production nationale doit suffire aux besoins de la population (URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie).

Autodafé : Destruction de livres, de partitions en public par le feu.

Camp de concentration : Lieu de détention de masse crée en Allemagne dés 1933 rassemblant tous les « asociaux » (juifs, handicapés, communistes etc.…), qui exploite leur force de travail jusqu’à la mort (Dachau).

Censure : Rétention volontaire d’une information dangereuse ou gênante par un état ou un média.

Chancelier : Premier ministre allemand.

Culte de la personnalité : Propagande personnelle d’un chef afin d’accroître l’affection du peuple à son égard.

Fascisme : Régime totalitaire et nationaliste installé en 1922 par Benito Mussolini en Italie.

Führer : Guide, titre porté par Hitler dès 1934.

Gestapo : Police intérieure allemande dirigée par Himmler.

NSDAP : Parti national socialiste des travailleurs allemands.

Nazisme : Régime totalitaire fondé par Hitler en 1933 qui reprend les caractéristiques du fascisme italien (chef et parti unique, propagande, police omniprésente, répression sur les opposants, contrôle de la société) mais qui place au centre de ses préoccupations la défense de la « race » allemande.

Pangermanisme : Mouvement prônant le rassemblement de tous les Allemands où qu’ils soient (Hitler est pangermaniste).

Pogrom : Massacre collectif de Juifs (Nuit de Cristal 1938).

Propagande : Pression exercée par un état sur son peuple pour en manipuler l’esprit et les idées.

Racisme : Idéologie fondée sur la croyance en l’inégalité raciale de l’Humanité et la supériorité (physiques, intellectuelles, historiques) de certaines "races" sur d’autres.

SA : Section d’assaut, milice du NSDAP fondée en 1920 et éliminée en 1934 (les SA portent la chemise brune).

SS : Section spéciale, garde personnelle d’Hitler, devenu prépondérante après 1934 (port de la chemise noire).

Totalitarisme : Dictature dont le but est de contrôler tous les niveaux de la société et de la vie des individus afin de parvenir au changement profond d'une population : l’"Homme " nouveau de Révolution en URSS, l’"Aryen" en Allemagne.

Dates :

30 janvier 1933 : Hitler devient chancelier.

1935 : les lois raciales de Nuremberg.

1938 : la Nuit de Cristal.

Personnages :

Hitler (1889-1945) : première partie. Né en Autriche d’une famille issue des classes moyennes, Hitler est orphelin de père à 14 ans. Refusé à l’Ecole des beaux-arts de Vienne, il décide de se former tout seul tout en développant des idées racistes et antisémites. Blessé durant la Première Guerre mondial, il rejoint le NSDAP (parti pangermaniste) dont il prend la direction en 1921. Il dote son programme d’une dimension antisémite et raciste. Après un coup d’état raté en 1923, il est emprisonné deux ans. Il rédige Mein Kampf, une autobiographie dans laquelle il explique sa vision du monde. Soutenu par les milieux financiers, influencé par l’expérience fasciste en Italie, il réussit à accroitre son audience à la veille de la crise de 1929. Il devient chancelier le 30 janvier 1933 et cumule tous les pouvoirs en 1934 (titre de Führer).

Des sites sur l'Allemagne nazie.

Une page du site de l’académie de Rouen sur la propagande nazie.
L’encyclopédie en ligne de la Shoah : des photographies des JO de Berlin (1936).
Un site sur l’ «art dégénéré» selon les critères nazis.
Une page du site Hérodote sur la Nuit de cristal.
Attention, si vous surfez sur le web avec l'idée de faire des recherches sur ce sujet épineux, attention de ne pas cliquer sur n'importe quoi (sites néonazis, sites révisionnistes, vidéos racistes) !

Un exemple de propagande à travers le cinéma : Les dieux du stade de Léni Riefenstahl.

Leni Riefenstahl (1902-2003) est une cinéaste allemande très liée au Nazisme. Avec Les dieux du stade (Olympia), elle a mis en images, durant quatre heures, l'idéal racial d'Hitler (exaltation de la force et de la virilité), en filmant les diverses compétitions sportives des Jeux olympiques de Berlin (1936). Voici le prologue de la première partie de cette œuvre, qui montre la naissance de la flamme olympique en Grèce et sa remontée vers Berlin. La cinéaste veut indiquer une filiation entre la grandeur de la civilisation grecque et celle élaborée par Hitler en Allemagne. Notez les plans de foules rassemblées dans le stade et la fixation de la caméra sur la beauté des corps masculins (notamment les sportifs  de type "aryen" à la fin de la séquence).



Eisenstein et Renoir face à la montée des périls.

La Seconde Guerre mondiale n’a pas été une surprise pour les Européens. Cette guerre a été sentie de loin ! En 1938, le grand réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein met en scène Alexandre Nevsky, une biographie du prince Alexandre, souverain russe du XIIIe siècle, qui repoussa l’invasion des chevaliers teutoniques en les précipitant dans les eaux glacées du lac Tchoudsk. Sommet du cinéma réaliste-socialiste, porté par la partition géniale de Prokofiev, le film est un avertissement adressé aux Russes, un appel à l’unité patriotique face à une possible invasion allemande.



En 1937, Jean Renoir signe l’un de ses chefs d’œuvre, La Grande illusion, splendide histoire de prisonniers français durant la Première Guerre mondiale, parcourue par les échos de la crise européenne. Certaines scènes sont faîtes pour enflammer le patriotisme du public français contre l’Allemagne.



La grande illusion - marseillaise
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Mais Jean Renoir prêche aussi pour une Europe des peuples et de la paix. Un Boïeldieu mourant et un Von Rauffenstein consterné se réconcilient malgré la guerre qui les séparent, dans une belle déclaration pacifiste.

Vocabulaire sur la deuxième Guerre mondiale :


Anschluss : Rattachement de l’Autriche à l’Allemagne nazie en mars 1938.

Antisémitisme : Racisme anti-juif, le judaïsme étant considéré comme l’appartenance à une race, non à une religion.

Axe : Ensemble formé par l‘Allemagne, le Japon, l’Italie et leurs alliés durant la Seconde Guerre mondiale.

Blitzkrieg : Guerre éclair.

Camp de concentration : Lieu de détention de masse crée en Allemagne dés 1933 rassemblant tous les « asociaux » (juifs, handicapés, communistes etc.…), qui exploite leur force de travail jusqu’à la mort (Dachau).

Camp d’extermination : Lieu de regroupement des Juifs et des Tsiganes d’Europe, après déportation, et de mise à mort par diverses techniques « industrielles » (gaz, four). (Auschwitz, Treblinka).

Collaboration : Politique volontaire d’états ou de personnes visant, durant la Seconde Guerre mondiale, à aider l’Allemagne soit dans le but d’une protection d’intérêts nationaux soit par adhésion idéologique.

Crime contre l’Humanité : Crime défini au procès de Nuremberg (1945), qui touche à toute tentative visant à éliminer une personne ou un peuple pour ce qu'ils sont. Ce crime est imprescriptible.

Ersatz : Produit de substitution dans l’industrie allemande.

Espace vital : Selon Hitler, espace nécessaire au bon développement des Allemands d’Europe et au rang international de l’Allemagne.

Exode : Mouvement de réfugiés français fuyant la zone des combats au Nord, en juillet 1940.

Fascisme : Régime totalitaire et nationaliste installé en 1922 par Benito Mussolini en Italie.

FFI : Force française intérieure, armée de la Résistance française organisée par tous les mouvements intérieurs à la Libération en 1944 et placés sous la direction de Gaulle.

FFL : Force française libre, force armée de la France libre.

France libre : Mouvement de rassemblement spontané de Français autour de Gaulle à Londres en 1940. Mouvement plus militaire par la suite, progressivement reconnu par les Alliés et qui participe à divers combats militaires (Tchad, Afrique du Nord, seconde campagne de France).

Génocide : Destruction planifiée d’un groupe humain (Holocauste, ou Shoah pour le génocide juif).

Gestapo : Police intérieure allemande dirigée par Himmler.

Ghetto : Quartier où sont enfermés les Juifs (Varsovie).

Ligne de démarcation : Ligne séparant la France de Vichy et la France occupée par l’Allemagne durant la Seconde guerre mondiale, jusqu’en 1942.

Ligne Maginot : Ligne de défense installée sur la frontière orientale de la France durant les années 30.

Loi prêt-bail : Loi de prêt consenti par les Américains donnant gratuitement du matériel aux adversaires de l’Axe.

Maquis : Région difficilement accessible, où se retirent des groupes armés de résistants afin de harceler l’ennemi (Vercors, Mont Mouché).

Milice : Police parallèle fondée par Vichy en 1943 dont le but est d’aider les forces allemandes à traquer des résistants et des Juifs.

ONU : Organisation des Nations Unies créée en 1945.

Pacifisme : Mouvement de refus de toute forme de guerre.

Racisme : Idéologie fondée sur la croyance en l’inégalité raciale de l’Humanité et la supériorité (physiques, intellectuelles, historiques) de certaines "races" sur d’autres.

Rafle : Arrestation massive et rapide d’une population.

Régime de vichy : voir cours.

Réseau : Organisation clandestine de Résistance visant à collecter des informations sur l’occupant et à mener des actions militaires.

Résistance : Action de ceux qui ont combattu l’occupation nazie en Europe.

Révolution nationale : voir cours.

SS : Section spéciale, garde personnelle d’Hitler, devenu prépondérante après 1934 (port de la chemise noire).

STO : Service du travail obligatoire, crée en 1942 afin de recruter en France des travailleurs capables de travailler en Allemagne. Le refus du STO en France va alimenter les réseaux de Résistance.

Wehrmacht : Ensemble des forces armées allemandes entre 1935 et 1945.

Xénophobie : Peur des étrangers, associée à un sentiment de menaces.

Dates générales sur la Deuxième Guerre mondiale:

Septembre 1939 : invasion de la Pologne.

Mai 1940 : invasion de la France par l'armée allemande.

Juin 1941 : invasion de l'URSS par l'armée allemande.

7 décembre 1940 : attaque japonaise de Pearl Harbor.

Août 1942-février 1943 : bataille de Stalingrad.

6 juin 1944 : débarquement allié en Normandie (opération Overlord).

8 mai 1945 : capitulation de l'Allemagne.

6 -9 août 1945 : bombes atomiques sur Hiroshima et Nagazaki.

Septembre 1945 : capitulation du Japon.

Dates sur la France durant la Deuxième Guerre mondiale :


18 juin 1940 : Appel du général De Gaulle.

10 juillet 1940 : pleins pouvoirs donnés à Pétain.

Octobre 1940 : rencontre de Montoire entre Hitler et Pétain et premier statut des Juifs.

1942 : rafle du Vel'd'Hiv'.

1942 : unification de la Résistance par Jean Moulin sous l'autorité de De Gaulle.

1943 : occupation de la zone sud par l'armée allemande et début du STO.

Juin 1944 : début de la Libération et premières heures du GPRF.

Personnages :

Churchill, Winston (1874-1965 ) :
Officier et journaliste correspondant de guerre dans sa jeunesse, il débute une carrière politique en 1900 chez les conservateurs. Dès 1932, il est l'un des rares à comprendre le danger représenté par Hitler. Premier ministre à partir de 1940, il organise l'effort de guerre et la résistance britannique, notamment durant les assauts aériens de la bataille d'Angleterre et durant le Blitz. Il joue un rôle actif quoique de plus en plus secondaire dans les négociations de paix de 1945.

Gaulle (Charlescde ) (1890-19670) :
Né à Lille dans un famille bourgeoise et catholique, il devient officier (capitaine durant la première Guerre mondiale). Ses théories sur la modernisation de l'armée française (mouvement, blindés) sont contestés dans les années 1930. En mai 1940, il est nommé général à titre provisoire puis sous-secrétaire d'état à la guerre. Refusant la défaite, il part à Londres, lance des appels à la résistance et organise la "France libre" (Forces françaises libres, unification de la résistance intérieure) tout en faisant de son pays un acteur important parmi les alliés. Il rentre en France en août 1944, à la tête du GPRF.

Hitler, Adolf (1889-1945) : deuxième partie.
Sa politique agressive est responsable de la montée des tensions en Europe (alliance avec l'Italie fasciste et le Japon, provocations diplomatiques en Europe de l'est). Fort de ses succès sur le front ouest, il lance la grande offensive qu'il attendait contre l'Union soviétique et lance en 1942 le processus de "Solution finale" (camps d'extermination contre les Juifs). Avec les nombreux revers militaires des années 1943-45, les bombardements du Reich et les tensions au sein même du mouvement nazi et de l'armée, Hitler se replie dans une attitude proche de la folie. Il se suicide dans son bunker de Berlin le 30 avril 1945.

Moulin, Jean (1988-1943) :
Préfet envoyé en zone Sud par de Gaulle, il unifie les mouvements de résistance et devient le président du Conseil national de la Résistance (CNR) en 1943. dénoncé, il est livré à la Gestapo de Lyon et torturé. Il meurt durant son transfert en Allemagne. Depuis 1964, ses cendres sont au Panthéon.

Pétain, Philippe (1856-1951) :
Né d'une famille rurale du Pas-de-Calais, il fait une longue carrière militaire, couronnée par la victoire de Verdun (1916). Très populaire, il entame une carrière politique et garde une grande influence dans l'armée durant les années 1930. En 1940, il participe au gouvernement de Paul Reynaud. Il reçoit les pleins pouvoirs le 10 juillet et met en place un régime autoritaire. Il lance une "Révolution nationale", tout en acceptant une politique active de collaboration avec l'Allemagne et une dérive vers l'antisémitisme. Arrêté et traduit devant la haute Cour de justice en 1945, il est condamné à mort, puis gracié par de Gaulle. Il meurt en captivité sur l'île d'Yeu.

Roosevelt, Franklin Delano (1882-1945) :
Avocat américain, il entame une carrière politique au sein du parti démocrate. Elu président en 1932 en pleine crise économique, il met en place une politique de "New Deal", qui relève les Etats-Unis peu à peu. Populaire, i est réélu en 1936, 1940 et 1944. Face à l'attaque japonaise de Pearl Harbor, il convint la population américaine d'engager la guerre. il lance le "Victory programm" (armement et industrie de guerre), s'allie avec Staline en pensant le faire évoluer vers la démocratie. Handicapé depuis 1921 par une poliomyélite Il meurt au début de son quatrième mandat.

Des sites sur la Deuxième Guerre mondiale.

Concernant cette question précise, on trouve de tout sur le web et surtout n'importe quoi ! Voici une sélection réduite mais dans laquelle vous trouverez d'excellentes choses.
Pour les camps d’extermination, un site remarquable dont j’ai eu la chance d’observer la genèse : Auschwitz de Frédéric Gesquier et Corinne Krajewski.
De la Résistance à la Déportation : le témoignage de Marcel Peretti, dans le cadre du concours de la Résistance (2000) auquel a participé le collège Fernand Léger de Saint Martin d’Hères.
Pour ceux qui ont été intéressés par le travail accompli en classe sur la propagande, voici un site qui montre et analyse des dizaines d’affiches de guerre.
Des lectures sur le nazisme et la Deuxième Guerre mondiale

Pour les élèves qui aimeraient poursuivre l’étude de la montée du nazisme, de la Deuxième Guerre mondiale, de la Shoah et des camps de concentration, voici quelques conseils de lecture :
-au rayon littérature de jeunesse, de très nombreuses productions existent, notamment sur la Résistance et la Shoah. En voici une partie recensée sur ces sujets, par ici.
-pour les élèves qui voudraient s’aventurer sur des chemins plus ardus, voici quelques titres qui pourraient être abordés au lycée :
Fred Uhlman, L’ami retrouvé. L’amitié impossible entre deux jeunes Allemands, l’un juif, l’autre peu à peu embrigadé dans les Jeunesses hitlériennes.
Primo Lévi, Si c’est un homme et Robert Antelme, L’espèce humaine. Deux chefs d’œuvre écrits par des survivants des camps.
Marc Dugain, Heureux comme Dieu en France. Très bon roman sur un jeune homme devenu résistant malgré lui.
Irène Némirovsky, Suite française. Le grand roman sur l’Exode de 1940, écrit presque "en direct".

Deux bandes dessinées récentes abordent la Seconde Guerre mondiale du point de vue soviétique. L'un décrit les actions du grand espion Sorge depuis Tokyo. L'autre, l'exécution de la 7eme symphonie de Chostakovitch durant le siège de Leningrad. C'est par ici.


Abraham Bomba, un témoin poignant de la Shoah.

Voici en deux parties, le témoignage bouleversant d’Abraham Bomba, tiré du film de Claude Lanzmann Shoah. Abraham Bomba est coiffeur à la gare centrale de New-York lorsque Lanzmann fait sa rencontre. Il fut déporté à Treblinka (Pologne) avec toute sa famille durant la guerre. Au camp, sa fonction était de couper les cheveux des condamnées à la chambre à gaz. Il connaissait le sort des victimes dont il s'occupait mais ne pouvait en aucun cas leur dire ce qui allait leur arriver.
Dans ces extraits, Lanzmann demande à Bomba de raconter son histoire dans un salon de coiffure. De refaire les mêmes gestes qu’au camp, afin d'activer sa mémoire et de stimuler l’imagination du spectateur. Parce qu'aucune image ne peut être à même de représenter toute l'horreur de l'extermination des Juifs, Lanzmann refuse d’utiliser la moindre archive visuelle ou sonore. Il ne fonde son propos que sur la parole des témoins et des survivants, afin que le public puisse reconstituer le processus du génocide dans l'intimité de son esprit. Très représentatif de cette démarche exigeante, les extraits que voici atteignent des sommets d’émotion.
Attention, je n’ai trouvé que des vidéos sous-titrés en espagnol (mais vous êtes d’excellents hispanistes !). Voici le synopsis des deux scènes, tirés d’une étude du CNDP, afin de vous y retrouver un peu :
« Bomba était à Treblinka depuis un mois quand, un matin, vers 10 heures, il est choisi avec d'autres coiffeurs pour être conduit à la chambre à gaz par un chemin camouflé de palissades, de barbelés, de branchages : « le chemin du ciel ». Pendant une dizaine de jours, il a dû couper les cheveux des femmes, avant que la coupe n'ait lieu dans la baraque de déshabillage elle-même. Il est dans la chambre à gaz où on a installé des bancs. Soudain arrivent les femmes nues et les enfants. Bomba montre comment il devait couper les cheveux. Lanzmann lui demande à deux reprises ce qu'il a ressenti quand il a vu arriver les femmes et les enfants pour la première fois. « C'était très dur de ressentir quoi que ce soit [...]. Vos sentiments disparaissaient, vous étiez mort aux sentiments, mort à tout. » Un jour arrivent des femmes de sa ville, Czestochowa. Quelques-unes étaient des amies proches : « Abe, que fais-tu ici ? Que va-t-on nous faire ? » « Que pouvions-nous dire ? » Puis Bomba ne peut plus parler quand il évoque l'arrivée de la femme et de la sueur d'un de ses amis, coiffeur avec lui, dans la chambre à gaz. « Continuez, Abe. Vous le devez. Il le faut. [...] Je sais que c'est très dur, je le sais, pardonnez-moi. » Bomba se résout enfin à décrire l'attitude de son ami. Il faisait pour les deux femmes « le maximum, rester avec elles, une seconde, une minute de plus, les étreignant, les embrassant. Car il savait qu'il ne les reverrait jamais ».

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