mercredi 19 janvier 2011

L'aéroport JFK à toutes les échelles.

L'aéroport international JFK (John Fitzgerald Kennedy) est l'un des trois grands aéroports de New-York (Etats-Unis), avec l'aéroport Newark Liberty International et l'aéroport La Guardia (spécialisé dans les lignes intérieures). Articulant les flux aériens entre les grands métropoles nord-américaines, le reste du continent, l'Asie de l'Est et l'Europe, JFK est un lieu dont l'observation à différentes échelles permet de comprendre certains aspects de la mondialisation, de la métropolisation et des inégalités de développement à travers le monde.

I A très grande échelle : l'intérieur d'un terminal (le Terminal de Steven Spielberg).

Bien que tourné en partie à l'aéroport Montréal-Mirabel (Quebec), le Terminal (2004) met en scène, à travers l'aventure d'un touriste bloqué, fautes de papiers en règle, à l'intérieur de la zone internationale de JFK, le fonctionnement général d'un grand aéroport international.

Dans la séquence d'ouverture (par ici), le panneau indiquant les embarquements montre des destinations continentales (Toronto, Ottawa, Mexico) et intercontinentales (Séoul et Tokyo, Londres et Munich). On remarque l'absence de destinations aériennes vers l'Afrique subsaharienne. On retrouve cette connexion aérienne entre le continent américain et le reste du monde dans la liste des destinations de deux terminaux aéroportuaires. Le terminal 1 permet de rejoindre l'Europe (Espagne, France, Italie), l'Asie de l'est (Japon, Chine, Corée du Sud), l'Afrique du Nord (Maroc) ou le Moyen-Orient (Arabie saoudite). Le terminal 5 permet de rejoindre les métropoles de la côte Est (Boston, Washington), de la côte Ouest (Seattle, Los Angeles) ou du Sud (La Nouvelle Orléans, Houston).

Avant que Viktor Navorski n'entre en scène, Spielberg montre quelques plans de passagers arrivant dans la zone de contrôle douanière. On voit des touristes attirés par l'aura mythique de la capitale culturelle des États-Unis (le film multiplie les plans montrant des guides touristiques ou des films promotionnels sur Big Apple, passés en boucle à la télévision) et des personnes venues travailler (travail intellectuel, "matière grise", affaires). Dans le "vrai" aéroport, des services télématiques (ordinateurs, connexions Internet, télécopies) et des salles de conférences sont mises à la disposition des hommes d'affaires. Ces flux aéroportés concernent une clientèle aisée, qualifiée, venue d'autres régions développées. Dans le film, les seuls passagers sortant de ce cadre sont des Chinois clandestins qui fuient la police des frontières. On voit dans cette courte séquence introductive des formes de migrations différentes, selon la cause (touristique, économique) ou la nature juridique (légale, clandestine).

S'il n'y a pas de transit de marchandises (exceptés les bagages des voyageurs), on peut tout de même percevoir des flux immatériels à l'œuvre, témoignant d'un intense trafic des informations et des capitaux. Navorski tente de se renseigner sur le coup d'état et la guerre civile qui frappent son pays (un état imaginaire d'Europe de l'Est, la Krakozie) grâce à CNN, chaîne d'information en continue à échelle mondiale. Des flux d'images et de textes se déversent via les satellites sur les postes de TV de l'aéroport, connectant ce lieu au reste du monde en temps réel. Navorski, affamé au bout de quelques jours, parvient à se nourrir dans un Burger King, marque franchisée d'une entreprise de restauration rapide transnationale parmi les plus puissantes et les mieux implantées à travers le monde qui, parmi d'autres, banalise par sa récurrence les paysages urbains (et les zones commerciales des aéroports, interchengeables).


Vickor Navorzki, prisonnier d'un lieu dont on lui refuse la sortie, affamée, quasi immobile, contemple un carrefour par lequel se croisent des flux intenses (voyageurs, marchandises, informations, capitaux)et dont il se sent exclu.


II A grande échelle : l'aéroport JFK et en environnement urbain.
L'augmentation des flux de circulation provoque sans cesse la création de nouveaux espaces en extension.


Construit de 1942 à 1948, l'aéroport JFK occupe un espace de 20 kilomètres carré. Son terminal principal mesure à lui seul plus de 3,6 kilomètres carré. JFK comprend neuf aérogares et quatre pistes (longues de 2,5 à 4,4 kilomètres), permettant ainsi plus de 1300 opérations d'envol et atterrissage par jour. L'augmentation du trafic passager en vingt ans (de 29 millions au début des années 1990 à 46 millions en 2009), signe d'une intensification des flux de circulation dans le monde, et l'augmentation de la taille des nouveaux avions de ligne ( par exemple, l'Airbus A 380 peut transporter de 500 à 800 passagers en configuration charter ; sa voilure est de 45 mètres ; son fuselage peut atteindre plus de 8 mètres de haut sur 7 de large) ont contraint les responsables de l'aéroport à aménager la piste principale en mars 2010. Cette dernière accueille a elle seule près de la moitié des vols quotidiens.

JFK est situé à 24 kilomètres du centre, au sud-est de Manhattan. Mais sa nature de plate-forme multimodale (lieu dans lequel on trouve plusieurs moyens de locomotions) permet d'être connecté au centre de la métropole et à d'autres parties de sa périphérie.

-par le train : AirTrain JFK relie JFK au réseau ferroviaire régional.



Il permet également la correspondance avec la ligne A du métro new-yorkais et la desserte de la gare Jamaica Station permettant une correspondance avec le réseau Long Island Rail Road (LIRR), le réseau métropolitain NYC subway, ainsi que plusieurs lignes de bus du secteur.


-par la route, via la voie express Van Wyck (678): le bus, avec un service de navettes assurant des liaisons avec le terminus Port Authority Bus Terminal (côté ouest de Manhattan), Grand Central Station (côté est de Manhattan), ainsi que Penn Station (centre-ville de Manhattan) ; les voitures personnels(L'aéroport possède des parkings de courte et de longue durée, situés soit face à chaque aérogare, dans la zone de stationnement du Central Terminal Area (CTA), soit à 6,5 km des aérogares, sur Lefferts Boulevard), des taxis (les fameux yellow cabs) et des limousines de location.

Une dizaine d'hôtels internationaux (Holiday Inn, Best Western, Sheraton) se situent autour de JFK dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres, tous reliés à l'aéroport par un système de navettes. Ces hôtels de standing permettent d'acceuillir des passagers en transit ou des touristes.

Ainsi, l'aéroport s'intègre à la périphérie de la mégapole.


Construit en périphérie de Manhattan, à Long Island, dans la partie sud du borough du Queens (sur Jamaica Bay), JFK a très vite été entouré par la banlieue pavillonnaire. Cette localisation près de zones d'habitats très dneses ne va pas sans poser certains problèmes (pollutions atmosphériques et sonores), communs à d'autres grandes métropoles mondiales très peuples et pourvues de grands aérports périphériques. On voit bien les quartiers pavillonnaires proches.


Cette localisation fait peser un risque pour les populations voisines. Pour preuve, le 12 novembre 2001, deux mois après les attentats du World Trade Center,un Airbus A300-600 d’American Airlines à destination de la République dominicaine s’écrase sur la banlieue de New York peu de temps après avoir décollé. 265 personnes meurent, dont cinq personnes au sol. Voici un reportage de l'époque sur ce crash. On voit bien les différents morceaux du fuselage éparpillés dans le quartier résidentiel.




III A petite échelle : JKF dans le trafic aérien mondial.

En 2009, JFK se classe au sixième rang des aéroports les plus fréquentés dans le monde (après Londres-Heathrow, Pékin, Roissy-Charles De Gaulle, Los Angeles et Francfort). Sur 2,3 milliards de passagers en circulation dans les airs (2007) et 18 000 avions quotidiennement en vol entre deux des 14 000 grands aéroports de la planète, JFK capte plus de 3% du trafic passager annuel et 10% des avions en circulation dans le monde chaque jour.

JFK forme, avec les autres aéroports de New-York, un hub (établissement de passage) pour de grandes compagnies aériennes états-uniennes (Delta Airlines) et une porte ouverte sur le monde et notamment l'Europe (un "gateway" à l'instar de Chicago ou Los Angeles). De fait, il renforce la position de métropole mondiale de New-York, mise ainsi en réseau avec d'autres grandes métropoles (Paris, Londres, Chicago) et des métropoles émergentes (Séoul). Articulant l'espace nord-américain et l'espace mondial, il participe et stimule l'intense trafic aérien des États-Unis (51% des vols quotidiens mondiaux traversent l'espace aérien du pays).

L'aéroport new-yorkais possède peu de liens directs avec des villes sud-américaines ou africaines, signe que l'intensification des échanges et des flux au sein de la mondialisation concerne surtout l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie de l'est (Triade), rejetant certains espaces (l'Amérique du Sud, l'Afrique subsaharienne, quelques régions de l'Asie du Sud) dans une périphérie dépendante, plus ou moins bien intégrée. 

Cette vidéo montre une modélisation informatique représentant une journée de trafic aérien mondial. On voit bien la concentration des avions dans l'Est de l'Amérique du Nord et les flux transitant par l'Atlantique Nord vers l'Europe de l'Ouest, vers les Caraïbes et l'Amérique latine.


Le même genre de vidéo à l'échelle des Etats-Unis. On voit bien la concentration des flux aériens dans la moitié Est du pays (partie la plus dense et la plus urbanisée) et notamment sur le nord de la côte Est.



Et voici la carte de la répartition des flux aériens mondiaux pour l'année 2002 (Source : Sénat). L'Amérique du Nord, dans lequel JFK possède une place-clé, concentre plus du tiers des vols aériens mondiaux et s'ouvre prioritairement à l'Europe et à l'Asie.

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